Isaac Bendetshon

Au début du XXè siècle, la vie juive à Vichy est saisonnière : foisonnante durant la belle saison, elle est quasi inexistante le reste de l’année. Seules quelques familles juives y résident de façon permanente. C’est le cas d’Isaac Bendetsohn et d’Anna, son épouse, tous les deux d’origine russe. Leur arrivée dans la cité thermale ne peut être datée précisément. Elle remonte sans doute au début des années 1920. Comme beaucoup de Juifs installés à Vichy, Isaac travaille dans l’industrie du vêtement. En 1924, il ouvre un premier magasin de fourrure au 27 passage de l’Amirauté. En 1936, il ouvre un second commerce, au 15 rue Lucas, dans le même immeuble que « La toile des Vosges » de Salomon Hirtz (cf. point correspondant).

Vichyssois de longue date, naturalisés français, les Bendetsohn échappent aux mesures d’éloignement qui frappent la majorité des réfugiés juifs présents dans la ville. Ils n’en demeurent pas moins soumis aux restrictions imposées à l’ensemble des Juifs de France. En 1943, les magasins d’Isaac sont visés par une procédure d’aryanisation. Isaac forme un recours, s’appuyant sur le fait que la loi du 2 juin 1941 ne proscrit pas l’ensemble des professions aux Juifs et que celle du 22 juillet 1941 ne rend pas systématique la nomination d’un administrateur provisoire. Mais Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux Questions juives, balaie ces arguments d’un revers. Contrairement à son prédécesseur, Xavier Vallat, qui avait promis que l’aryanisation ne concernerait ni les petits commerçants, ni les anciens combattants, ni les exploitants établis de longue date, Darquier applique une politique sans nuance : tous les commerces juifs sont visés. La demande d’Isaac est rejetée.

Cette déconvenue a-t-elle conduit le couple à quitter Vichy ?  Sont-ils restés ? Se sont-ils cachés ? La suite demeure incertaine. Seule certitude : Isaac a survécu et vivait encore à Vichy après la guerre.

Sources :
Archives municipales de Vichy.
Archives du CDJC.
Laurent Joly, Vichy dans la « Solution finale ». Histoire du Commissariat général aux Questions juive, 1941-1944, Paris, Grasset, 2006.

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