Georges Loustaunau-Lacau
Georges Loustaunau-Lacau est né à Pau le 17 avril 1894. Sa mère est institutrice, son père est militaire. En 1912, il intègre la prestigieuse institution de Saint-Cyr. Deux ans plus tard, il participe à la Première Guerre mondiale. Il grimpe les échelons de l’armée, accédant au grade de capitaine en 1916. Il reçoit la légion d’honneur l’année suivante pour son courage et son dévouement à la France. Le 22 novembre 1918, il dirige la première patrouille qui entre dans la ville de Strasbourg, redevenue française après 48 longues années de joug allemand. En 1922, il poursuit sa formation à l’école militaire, d’où il sort major de promotion en 1924, devant son ami Charles de Gaulle. Il participe ensuite à la guerre du Rif, au Maroc, avant de servir en Rhénanie, en Grèce. En 1932, il prend le commandement du 24e bataillon de chasseurs alpins. À l’époque, il collabore étroitement avec le maréchal Pétain, dont il intègre le cabinet.
Dans les années 1930, il s’engage activement dans la lutte anti-communiste. Il met en place le réseau des Corvignolles au sein de l’armée et collabore avec les milieux antirépublicains et cagoulards. La Cagoule est une organisation secrète d’extrême droite qui s’est créée en réponse à l’avènement du Front populaire. Elle prône une action révolutionnaire et des méthodes radicales, telles que les attentats et les coups d’état. Au-delà de son anticommunisme, Loustaunau-Lacau est également profondément antisémite, partageant ainsi les convictions de nombreux dirigeants du futur régime de Vichy. Il rédige plusieurs articles virulents contre les Juifs, qu’il compare à un « cancer », et contribue ainsi à propager des idées antisémites au sein de la société française.
Officier de talent, il participe à la bataille de France en 1940, à l’issue de laquelle il est fait prisonnier. Il s’évade et rejoint la nouvelle capitale, Vichy, où il occupera, pendant quelques semaines, le poste de délégué général de la Légion française des combattants. Tout en exprimant son soutien à la politique de l’État français et en travaillant pour le maréchal Pétain, il élabore une stratégie de résistance contre l’occupant nazi. À Vichy, il crée un réseau de renseignement, dont les premiers membres sont recrutés parmi ses relations militaires et les mouvances ultra nationalistes auxquelles il est lié depuis les années 1930. Le réseau grandit et dépasse rapidement les frontières de Vichy. Connu sous le nom « Alliance », il deviendra l’un des réseaux les plus actifs de la zone sud.
Georges Loustaunau-Lacau entre en contact avec son ancien ami, Charles de Gaulle, à Londres, mais ce dernier refuse de soutenir le projet. Quelques mois plus tard, il réussit à obtenir le soutien et le financement de l’Intelligence Service britannique (IS). Entre-temps, Loustaunau-Lacau a été renvoyé du gouvernement. Il se rend alors à Alger dans l’espoir de rejoindre une partie de l’armée française, censée reprendre la lutte contre les Allemands. Mais cette tentative échoue et il est arrêté. Il parvient à s’échapper et rentre discrètement en France. De retour à Vichy, il sollicite un nouveau poste. En vain. Il n’obtiendra plus rien du gouvernement, si ce n’est une nouvelle arrestation en juillet 1941. Il est interné à la prison de Clermont-Ferrand. Jugé par un tribunal militaire en septembre 1941, il est condamné à deux ans de prison. En octobre 1942, il est transféré dans un hôtel-prison à Évaux-les-Bains, d’où il réussit, une nouvelle fois, à s’échapper.
Se sachant menacé, Georges Loustaunau-Lacau part à Toulouse, où il confie les rênes du réseau Alliance à Marie-Madeleine Fourcade. Il est de nouveau arrêté. Cette fois, cependant, il ne réussit pas à s’échapper et son propre réseau ne parvient pas à le faire libérer. Au contraire, les différentes tentatives de libération sont contre productives et mènent à la chute de nombreux agents du réseau Alliance à Vichy. Livré aux Allemands par le gouvernement en mars 1943, il est torturé avant d’être condamné à mort. Il n’est pas exécuté, mais en octobre de la même année, il est envoyé dans le camp de concentration de Mauthausen. Il y reste jusqu’à la fin de la guerre. Peu avant la libération, les internés du camp encore en vie sont entrainés dans une marche de la mort, à laquelle Loustaunau-Lacau survit. Deux semaines après son retour en France, il est appelé à témoigner au procès du maréchal Pétain.
Dans l’après-guerre, il reprend ses activités anticommunistes. Il est encore une fois arrêté, en 1947, et emprisonné. Il écrit ses Mémoires en prison, publiées en 1948. Il est élu député (Basses-Pyrénées) en 1951. Il meurt quatre ans plus tard.
Sources
Barasz, Johanna. « De Vichy à la Résistance : les vichysto-résistants 1940-1944 », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 242, no. 2, 2011, pp. 27-50.
Jackson, Julian. Le procès Pétain. Vichy face à ses juges. Paris, Seuil, 2024.
Vergez-Chaignon, Bénédicte. Les Vichysto résistants de 1940 à nos jours, Paris, Perrin, 2008.