Benjamin Holzmann
Benjamin Holzmann, d’origine polonaise, s’installe à Vichy à la fin des années 1930. Il réside d’abord au 26 rue de Lisbonne, puis au 79 boulevard de la Salle. Très investi dans la vie communautaire, il exerce comme ministre officiant, veille au respect des règles de la cacherout dans la boucherie Jeux (cf. point correspondant) et officie en tant que sacrificateur.
Au printemps 1940, alors que la population juive de Vichy atteint plusieurs milliers (contre environ 300 juste avant la guerre), la demande en viande casher s’accroit. La communauté décide alors d’engager un second sacrificateur. Cette décision provoque la colère de Benjamin, qui s’indigne de se voir privé d’un revenu qu’il estimait légitime. À titre de compensation, une augmentation mensuelle de 300 francs lui est alors accordée.
La situation des Juifs à Vichy se dégrade avec l’arrivée du gouvernement en juillet 1940. Devenue capitale du nouvel « État français », Vichy laisse peu de place à ceux que le régime qualifie d’ « indésirables ». Une politique d’éloignement y est mise en œuvre rapidement : les Juifs étrangers en sont les premières cibles. Benjamin reçoit un avis d’expulsion le 19 septembre 1940.
Tous les Juifs étrangers n’étaient pas égaux face à ces mesures. Ceux qui avaient des enfants français, qui étaient malades, qui bénéficiaient d’une protection consulaire ou qui exerçaient une fonction cultuelle ont, dans un premier temps, obtenu un sursis. La communauté israélite, consciente de ces marges de manœuvre, plaide la cause de Benjamin. Dans ses lettres aux autorités, elle insiste sur son statut de fonctionnaire du culte, mais aussi sur sa situation familiale : une épouse malade, des enfants à charge, une mère dépendante. Benjamin obtient l’autorisation de demeurer à Vichy.
Ce répit, toutefois, ne dure pas. En 1941, un nouvel ordre d’éloignement lui est signifié. Une fois encore, l’intervention de ses soutiens retarde l’exécution de la mesure. Mais en 1942, la pression s’intensifie : un nouvel avis d’expulsion lui est remis. Le 1er juillet, Benjamin adresse une lettre au directeur de la police, dans laquelle il expose sa situation et demande que la décision soit reportée. Les autorités maintiennent l’expulsion, mais lui accordent un ultime délai jusqu’au 4 octobre 1942, date à laquelle il doit avoir quitté la ville.
L’année suivante, il est arrêté à Nice. Il est déporté à Auschwitz par le convoi 60, le 7 octobre 1943. Il ne survit pas à la déportation.
Sources :
Archives du Mémorial de la Shoah. CMLV- Fonds de la communauté israélite de Vichy.
Archives nationales AJ 38 242.
Serges Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, FFDJF, 2012.
45 (ex-79) boulevard de la Salle
03200 Vichy