Hugo Geissler
Les premiers représentants du Reich, parmi lesquels le capitaine SS Hugo Geissler, s’installent à Vichy dès 1940, officiellement pour entretenir des relations avec le gouvernement, officieusement pour y mener des missions d’espionnage. À cette époque, leur présence reste discrète et perturbe peu le quotidien des habitants (y compris celui des Juifs). Mais en novembre 1942, avec l’occupation de la zone sud, celle-ci s’intensifie. En 1944, 139 Allemands sont en poste à Vichy.
La délégation allemande s’établit dans le quartier thermal, où vingt-cinq bâtiments sont réquisitionnés en sa faveur. L’hôtel du Portugal, 121 boulevard des États-Unis, en constitue le centre névralgique. Le rez-de-chaussée sert de salle à manger et le sous-sol de cuisine. Quelques pièces près de la cuisine sont aménagées en salles d’interrogatoire et de torture. Les villas du quartier sont elles aussi réquisitionnées, tant pour l’usage personnel des Allemands — Hugo Geissler, devenu chef de la SIPO-SD pour toute la région Auvergne, réside au 115 boulevard des États-Unis — que pour loger leurs meilleurs collaborateurs français. Le quartier est placé sous haute surveillance, protégé par plusieurs blockhaus, chacun abritant trois hommes armés.
Si la lutte contre la Résistance est la priorité affichée de la SIPO-SD, les Juifs n’en constituent pas moins un objectif essentiel. Elle en arrêtera plus de 12 000 en zone sud.
À l’exception de la rafle du 25 février 1943, la majorité des arrestations perpétrées à Vichy en 1943 (environ 50) est le fait des autorités allemandes. Nos connaissances sur ces arrestations demeurent, cependant, fragmentaires. Les seuls documents identifiés à ce jour se résument à des listes policières recensant les individus arrêtés, à quelques échanges entre membres de la communauté juive de Vichy et autorités françaises, ainsi qu’à de rares témoignages.
Hugo Geissler est tué le 12 juin 1944 à Murat, lors d’une opération contre un groupe de maquisards.
Sources :
Archives départementales de l’Allier.
Interrogatoire d’Adrian Konrad, 20 novembre 1944. Cité dans Eugène Martres, Les archives parlent, Sayat, De Borée, 2005.
Tal Bruttmann, La logique des bourreaux 1943-1944, Paris, Hachette Littératures, 2003.
115 boulevard des États-Unis
03200 Vichy