Isidor Grossmann
Face aux lois antisémites du régime et aux restrictions imposées en matière de résidence à Vichy, certains Juifs envisagent de quitter non seulement la ville, mais également la France. Les États-Unis représentent la destination la plus convoitée — neuf candidats à l’émigration sur dix espèrent s’y établir. Mais les chances de réussite sont minces, tant le nombre de visas délivrés chaque année est limité.
Isidor Grossmann, ressortissant autrichien, arrivé à Vichy en 1940 après un passage par le camp de Frémont, près de Montluçon, fait partie des Juifs candidats à l’émigration. Le parcours d’Isidor à Vichy reste assez flou. Il aurait habité au 13 rue Callou et au 5 place de la Source de l’hôpital, ainsi qu’à d’autres adresses non signalées aux autorités, comme en attestent des lettres envoyées en « poste restante ». Ancien interné, il est probable qu’il ait conservé une grande méfiance à l’égard de l’administration française. Il ne figure par ailleurs sur aucune liste de recensement connue.
Certains membres de sa famille vivant aux États-Unis, il entreprend de les rejoindre et se lance dans la constitution de sa demande d’émigration. Les dossiers pour les États-Unis nécessitent l’envoi de nombreuses pièces : un certificat de bonnes mœurs, un extrait de casier judiciaire, un curriculum vitae, trois photos, une promesse de visa de sortie de France, un acte de naissance en double exemplaire, un passeport ayant une validité d’au moins quatre mois au-delà de la date du visa et un affidavit, un certificat d’un citoyen américain s’engageant à subvenir aux besoins du nouvel arrivant. Le neveu d’Isidor accepte de se porter garant. Il envoie le formulaire dûment rempli à son oncle.
Mais après plusieurs mois sans nouvelle des services américains, Isidore commence à s’inquiéter. Il se tourne alors vers le secrétariat de la communauté israélite de Vichy, qui prend contact avec la HICEM, organisation juive internationale, qui aide les Juifs à émigrer. C’est par son intermédiaire qu’Isidor apprend que les règles relatives aux affidavits ont changé depuis le 1er juillet 1941. La HICEM lui fait parvenir un exemplaire du nouveau formulaire à remplir et à renvoyer. Les démarches, toutefois, se révèlent longues et éprouvantes. Isidor n’en viendra malheureusement jamais à bout : il succombe à une crise cardiaque à Vichy le 9 septembre 1942.
Sources :
Archives du Mémorial de la Shoah. CMLV- Fonds de la communauté israélite de Vichy.
5 place de la Source de l’Hôpital
03200 Vichy