La commission de révision des titres de séjour

À Vichy, une politique d’expulsion particulièrement rigoureuse est mise en œuvre : seuls les Juifs dits « essentiels » et ceux établis de longue date dans la ville sont tolérés, les autres sont sommés de partir. Entre 1940 et 1943, plusieurs milliers d’entre eux sont ainsi éloignés.

À la réception de leur procès-verbal d’éloignement, les intéressés ont la possibilité de former un recours, en adressant aux autorités une requête motivée (sollicitant un délai ou une dérogation de séjour), accompagnée des pièces justificatives nécessaires. Une commission spécialement chargée de la révision des titres de séjour instruit ces demandes. Celle-ci se réunit toutes les deux semaines environ, au siège de la direction de la police du territoire et des étrangers, situé à l’hôtel de Russie. Le dépôt d’une requête suspend provisoirement la mesure d’éloignement, autorisant le requérant à demeurer à Vichy le temps de l’instruction de son dossier.

Les Juifs qui n’ont pas de « raisons impérieuses » justifiant leur présence à Vichy redoublent d’efforts pour attendrir les autorités. Ils leur envoient de longues lettres mêlant supplications et récits de vie, dans lesquelles ils exposent leur parcours, expliquent ce qui les a conduits à Vichy, et implorent d’y rester. Les arguments avancés sont souvent les mêmes : une famille à charge, un emploi à Vichy, la maladie d’un proche (cf. documents ci-dessus)

Mais les suppliques sont rarement entendues. Sur les 166 dossiers examinés entre juin et novembre 1941, 108 sont rejetés d’emblée, 24 sont transmis à une commission médicale pour évaluation complémentaire, tandis que les 34 dossiers restants donnent lieu soit à l’octroi de délais de quelques jours, soit à des autorisations temporaires de séjour, généralement concédées à des commerçants, des personnes disposant d’un emploi stable, ou à des anciens combattants. Ces permissions, toujours précaires, sont systématiquement réexaminées par la commission au terme d’un certain délai.

Les résultats des recours sont transmis à M. Couplet, commissaire divisionnaire chef de la circonscription de Police de Vichy, sous forme de notes concises indiquant le nom de l’intéressé et le verdict rendu. Les décisions sont ensuite communiquées directement aux personnes concernées.

Sources :
Archives départementales de l’Allier.
Archives nationales AJ38-242.
Archives du CDJC.

Hôtel de Russie, 12 avenue Aristide Briand
03200 Vichy