La famille Crespin

Au début du siècle, la communauté juive de Vichy est composée de quelques membres seulement. Dans les années 1920 et 1930, plusieurs familles juives viennent peu à peu s’y établir, parmi elles le couple Crespin, auparavant domicilié à Paris. À Vichy ils s’installent au 37 boulevard Gambetta. Abraham, dit Albert, de nationalité turque, est marié à Esther Rosa, française. La mère de cette dernière, Golda Okonowski, d’origine russe mais naturalisée française en 1930, vit avec eux. Peu après leur arrivée, Albert ouvre une boutique de frivolités, qu’il nomme « Albert et ses merveilles », au 31 rue Montaret.

À Vichy, une politique d’éloignement visant tous les Juifs dits « non essentiels » est rapidement mise en œuvre. Des milliers d’entre eux sont ainsi expulsés de la nouvelle capitale. Quelques exceptions sont cependant prévues, notamment en faveur des Juifs vichyssois, établis dans la ville avant la guerre. Bien qu’Albert soit de nationalité étrangère, lui, Esther et Golda sont autorisés à rester. Pour autant, détenir un permis de séjour en règle ne constitue nullement une garantie d’immunité. La famille Crespin n’échappe pas aux mesures discriminatoires instaurées par le second Statut des Juifs et par l’ensemble des textes qui en découlent. Le 10 janvier 1942, un arrêté signé par Xavier Vallat, commissaire général aux Questions juives, place le commerce de frivolités d’Albert sous le contrôle d’un administrateur provisoire. Malgré ces épreuves, la vie continue au domicile des Crespin. Le 24 décembre 1943, Esther donne naissance à leur fils, Michel.

Quatre mois plus tard, le 2 mai 1944, Albert, Esther, Golda et Michel, sont arrêtés chez eux. Les conditions de leur arrestation restent floues (opération menée par les Allemands ? par la milice ? par la brigade Poinsot ?). Le 12 mai, tous les quatre sont transférés à Drancy ; le 20, ils sont déportés à Auschwitz par le convoi N° 74. Aucun ne survit à la déportation. Michel est le plus jeune déporté de l’Allier.

En 2018, un square de Vichy est renommé en son honneur et une stèle est inaugurée à l’extrémité du boulevard Gambetta (au croisement de l’avenue de Gramont).

Sources :
Archives départementales de l’Allier.
JO N° 61 du 12 mars 1942.
Profils d’Esther et d’Albert Crespin, ainsi que celui d’Olga Okonowski, AFMD.

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