La famille Verkauf – Fenster

À l’été 1939, Sarah Verkauf quitte Strasbourg avec sa fille Claire Fenster et ses deux petits-enfants, Hélène et Jules Israël. Ensemble, ils trouvent refuge à Vichy, au 5 rue de Provence, derrière la gare. Les époux de Sarah et de Claire étant décédés, la famille vit des revenus de la jeune Hélène, 18 ans en 1940, employée de bureau, ainsi que de ceux de Claire, qui a ouvert un petit magasin de bonneterie au 2 boulevard Carnot, à quelques mètres du Commissariat général aux Questions juives.

En juillet 1941, conformément à la loi, Claire et ses enfants se font recenser comme Juifs français, tandis que Sarah, polonaise, se fait recenser comme juive étrangère. Épargnée par les expulsions qui touchent de nombreux Juifs à Vichy, la famille doit néanmoins faire face à de multiples difficultés, parmi lesquelles la mise sous administration provisoire du magasin de Claire en 1942.

La même année, de nouvelles mesures de contrôle sont adoptées par le gouvernement. Le 9 décembre 1942, une loi impose à tous les Juifs étrangers autorisés à résider à Vichy de faire apposer la mention « valable seulement pour les communes de Vichy-Bellerive-Cusset » sur leur pièce d’identité. En tant que Polonaise, Sarah est concernée. Elle s’y conforme (cf. copie de sa carte d’identité). Deux jours plus tard, une autre loi impose que la mention « Juif » soit ajoutée sur les papiers d’identité et cartes d’alimentation de tous les Juifs de la zone sud, quelle que soit leur nationalité. De nouveau, Sarah s’exécute (cf. copie de sa carte d’identité). Sa fille, Claire, et ses petits-enfants, Jules et Hélène, ont sans doute fait de même.

L’année 1943 s’ouvre sous de sombres auspices. Outre les dangers et les difficultés partagés par l’ensemble des Juifs, la famille doit affronter la maladie de Sarah, qui décède le 16 novembre, à l’âge de 65 ans. Moins de dix jours plus tard, le 25 novembre, Claire et Jules sont arrêtés par les Allemands. Lorsque quelques heures plus tard Hélène apprend la nouvelle, elle regagne la maison, rassemble quelques affaires et décide de fuir. Ne sachant où aller, elle trouve provisoirement asile chez des amis. Au même moment, son frère et sa mère sont transférés à Drancy, puis déportés à Auschwitz dans le convoi 64. Ignorant tout de leur sort, Hélène part vivre à Clermont-Ferrand, où elle réussit à trouver un emploi. Mais le 22 juin 1944, elle est à son tour arrêtée, transférée à Drancy, puis déportée à Auschwitz dans le convoi 77.

Contrairement à sa mère et à son frère, Hélène survit à la déportation. En 1945, elle revient à Vichy et rouvre le magasin de sa mère, au 2 boulevard Carnot.

Sources :
Archives du Mémorial de la Shoah. CMLV- Fonds de la communauté israélite de Vichy.
Profils de Sarah Verkauf, Claire Fender, Jules Fenster et Hélène Fenster sur le site de l’AFMD de l’Allier.

2 boulevard Carnot
03200 Vichy