Le siège de la communauté juive et le domicile de Sylvain Lévy

Après s’être replié à Rosheim au début de la guerre, le secrétariat du Consistoire du Bas-Rhin choisit de s’établir à Vichy. Le transfert a lieu le 8 avril 1940. Les objets cultuels et les archives de plusieurs communautés juives de la région (dont celle de Strasbourg) sont transportés dans la cité thermale.

L’arrivée du consistoire transforme en profondeur le fonctionnement administratif de la communauté vichyssoise, dont les effectifs passent, en l’espace de quelques mois, d’environ 300 membres à plusieurs milliers. Cette nouvelle communauté élargie est placée sous la direction conjointe de Sylvain Lévy, secrétaire général du Consistoire du Bas-Rhin et Salomon Hirtz, président de la communauté israélite de Vichy. Jusqu’à leur arrestation (en décembre 1943 pour Salomon et en avril 1944 pour Sylvain), les deux hommes orchestrent la vie juive à Vichy et s’efforcent, autant que possible, d’apporter soutien et réconfort aux réfugiés regroupés dans la ville.

Le siège de la communauté est établi au 5 rue Curie, où quelques pièces sont mises à disposition de Sylvain Lévy, qui s’y installe avec sa famille. Protégé par son statut au sein du consistoire, Sylvain est, dans un premier temps, épargné par les mesures d’éloignement visant la plupart des réfugiés juifs présents à Vichy. Mais cette clémence n’est que passagère : en avril 1943, le ministère de l’Intérieur prend un arrêté interdisant à la famille Lévy de résider dans l’agglomération de Vichy-Cusset-Bellerive. Sylvain forme un recours, sans succès. Le 6 juillet, un nouvel arrêté d’éloignement est prononcé à son encontre. Pourtant, la famille ne quitte pas la ville. Ont-ils bénéficié d’un sursis officiel, ou ont-ils choisi de rester clandestinement ? La question demeure sans réponse.

Le 11 avril 1944, Sylvain et deux de ses enfants, Édith et Georges, sont arrêtés lors de la plus importante rafle jamais menée à Vichy. Les Allemands se présentent à leur domicile et les emmènent. Sophie, l’épouse de Sylvain, gravement atteinte de polyarthrite, est laissée sur place. Leur fille aînée, Else Kauffmann, absente ce jour-là, échappe à l’arrestation. Sylvain, Édith et Georges meurent en déportation.

Sources :
Archives départementales du Bas-Rhin.
Archives du Mémorial de la Shoah. CMLV- Fonds de la communauté israélite de Vichy.
Archives nationales AJ38-242.

5 rue Curie
03200 Vichy