Salomon Hirtz
Au début du XXᵉ siècle, la vie juive à Vichy épouse le rythme des saisons thermales. À l’automne, avec le départ du rabbin saisonnier, la fermeture des restaurants casher et le net ralentissement des activités religieuses, la vie communautaire se maintient dans une forme minimale. Mais elle subsiste grâce à l’engagement de Salomon Hirtz.
Né en 1886 à Wintzenheim en Alsace, Salomon épouse Renée Weill à Gérardmer en 1924. Deux ans plus tard, le couple quitte son Alsace natale pour Vichy, où ils exploitent deux commerces de tissu, lingerie et vêtements pour hommes : « Aux trois passages » (situé au 11 Passage de l’Élysée, en activité jusqu’en 1936) et « La toile des Vosges » (situé d’abord au 4 Passage de l’Élysée puis au 15 rue Lucas à partir de 1936). Très vite, Salomon s’impose comme la figure centrale de la petite communauté juive locale. Devenu son président, il travaille sans relâche au maintien de la vie religieuse et communautaire.
En 1939 et 1940, l’afflux massif de réfugiés juifs transforme en profondeur la communauté israélite de Vichy. D’un noyau réduit, elle devient une entité forte de plusieurs milliers de membres. Salomon en demeure le président, mais il partage désormais la direction avec Sylvain Lévy, secrétaire général du Consistoire du Bas-Rhin, replié à Vichy depuis avril 1940 (cf. le point correspondant).
En sa qualité de président de la communauté, Salomon est étroitement surveillé. En 1943 une enquête menée par la Section d’Enquête et de Contrôle conclut que « La toile des Vosges » constitue « un lieu notoire de la colonie juive vichyssoise » et « une officine à visée antinationale ». La mise sous administration provisoire du commerce, décidée par le commissariat général aux Questions juives, est jugée insuffisante par l’enquêteur, qui préconise également l’éloignement de Salomon, assorti d’une assignation à résidence hors des départements de l’Allier et du Puy-de-Dôme. Cette proposition reste cependant sans effet : ni le préfet ni la police ne s’en saisit, et Salomon demeure à Vichy.
Ce maintien, sans doute accueilli comme un soulagement par Salomon et sa femme, ne constitua, en réalité, qu’un bref sursis. En décembre 1943, alors qu’ils vivent toujours à Vichy, ils sont arrêtés, vraisemblablement par les Allemands, probablement à leur domicile, tandis que leurs biens sont volés. Tous les deux sont transférés à Drancy puis déportés à Auschwitz, où ils décèdent.
Sources :
Archives départementales du Bas-Rhin.
Archives du Mémorial de la Shoah. CMLV – Fonds de la communauté israélite de Vichy.
Archives municipales de Vichy.
Archives départementales de l’Allier.
15 rue Lucas
03200 Vichy