La synagogue
- La vie quotidienne - L'expérience des Juifs
Au printemps 1940, suite à l’avancée des troupes allemandes en Europe de l’Ouest et en France plus spécifiquement, plusieurs centaines de milliers d’hommes et de femmes, parmi lesquels de nombreux Juifs, se retrouvent sur les routes, en direction du Sud. Un certain nombre d’entre eux s’arrêtent à Vichy. L’établissement provisoire du Consistoire juif du Bas-Rhin contribue à faire de la ville un centre particulièrement attractif pour les réfugiés juifs pratiquants du nord-est de la France. Plus de 220 familles sont alors affiliées à la synagogue de Vichy.
Le bouleversement constitutionnel provoqué par le vote du 10 juillet 1940 n’inquiète pas les Juifs outre mesure. Au contraire, beaucoup se réjouissent de voir le maréchal Pétain prendre les rênes du pouvoir. À Vichy, la désillusion est rapide. Plus de 3 000 Juifs étrangers sont expulsés de la ville entre août et octobre 1940. Quelques mois plus tard, les Juifs français sont également pourchassés et expulsés. Selon Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives, leur « seule présence » dans la nouvelle capitale est « fâcheuse en soi »*. Les descentes de police dans les hôtels, dans les appartements et les chambres sont de plus en plus fréquentes. Le nombre de Juifs à Vichy diminue de 70 % entre 1941 et 1943. Du jour au lendemain, ces Juifs perdent leur foyer, leur emploi et leurs réseaux de soutien (d’amis et de voisins). Isolés et vulnérables, ils deviennent des proies faciles pour la Milice et la Gestapo.
Nulle part en France la réponse populaire aux mesures antisémites prises par le gouvernement ne fut uniforme, ni dans le temps, ni dans l’espace. Au début de la guerre, plusieurs incidents antisémites furent rapportés à Vichy. Cependant, à mesure que l’étau se resserrait sur les Juifs, un élan de solidarité se développa au niveau local. Plusieurs Juifs purent ainsi être sauvés grâce à l’aide de la population vichyssoise.
* Lettre de Xavier Vallat à Henry Chavin (20 mai 1941). Citée dans M. Marrus et R. Paxton, Vichy et les Juifs, p. 157.
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