L’opéra

- L'état français

Le 10 juillet 1940, la magnifique salle de l’opéra de Vichy (inauguré en 1901) accueille l’Assemblée nationale pour une séance extraordinaire. L’article suivant est soumis au vote des députés et des sénateurs : « L’Assemblée nationale donne tous pouvoirs au Gouvernement de la République, sous l’autorité (…) du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer (…) une nouvelle constitution de l’État français. Cette constitution devra garantir les droits du travail, de la famille, de la patrie. Elle sera ratifiée par la nation et appliquée par les Assemblées qu’elle aura créées ». Sur les 670 parlementaires présents, 570 votent en faveur de l’article. 80 votent contre. Les autres s’abstiennent.

Le lendemain, Pétain outrepasse son mandat et s’attribue la plénitude des pouvoirs législatif et exécutif, ainsi qu’une part des pouvoirs de justice. La République est liquidée, au profit d’un régime autoritaire, l’ « État français ».

La fonction publique est réformée ; les fonctionnaires ne correspondant pas au profil défini par le nouveau gouvernement sont révoqués. Ainsi le gouvernement s’assure de la soumission de ses agents et de la bonne mise en application des juridictions d’exception, promulguées contre ceux considérés comme néfastes au régime (communistes, francs-maçons, Juifs, etc.). Le gouvernement réorganise également la police à des fins essentiellement répressives. En parallèle, le nouveau régime mène un « redressement » moral, social et intellectuel de la population française. La « Révolution nationale » prônée par Pétain est conservatrice et traditionnaliste. Elle s’inspire des doctrines anti-libérales des années d’avant-guerre.

Si l’histoire de l’opéra entre 1940 et 1944 fut avant tout marquée par le vote du 10 juillet 1940 et la naissance de l’État français, le site n’en resta pas moins un lieu de culture et de divertissement. En effet, tout au long de la guerre, de nombreux artistes vinrent s’y produire et des événements sportifs y étaient régulièrement organisés (démonstration de gymnastique, tournoi d’escrime, etc.).

Le 10 juillet 1988, une plaque commémorant les 80 parlementaires ayant voté contre la promulgation d’une nouvelle constitution sous l’autorité du maréchal Pétain fut apposée sur un mur de l’opéra.

5 rue du casino
03200 VICHY