La résidence de Jean Sabatier
- La vichysto-résistance
Dans la France d’après-guerre, la mémoire de la Résistance se cristallisa autour d’une croyance selon laquelle, dès 1940, la participation à la Résistance aurait été systématiquement motivée par une volonté de combattre non seulement les Allemands, mais également l’État français. Or la réalité fut plus complexe. En 1940 et 1941, beaucoup d’hommes et de femmes refusaient la défaite et l’Occupation mais approuvaient et soutenaient le maréchal Pétain et la Révolution nationale. Ces résistants sont communément appelés « Vichysto-résistants » (terme inventé par Denis Peschanski au début des années 1990).
En 1940, Georges Loustaunau-Lacau, ancien cagoulard, anti-communiste notoire et spécialiste du renseignement, est employé comme délégué national de la Légion française des combattants. Tout en travaillant pour le Maréchal, il prépare une stratégie de Résistance contre l’occupant. Il crée le réseau « Alliance », qui sera dirigé par Marie-Madeleine Méric à partir de juillet 1941. Soutenu par l’Intelligence Service britannique (IS), le réseau « Alliance » croît rapidement. En 1942, il devient l’un des piliers de la Résistance giraudiste, à laquelle il est intégré en 1943.
À Vichy, les recrues d’ « Alliance » sont nombreuses. Parmi elles : le chirurgien-dentiste Jean Sabatier. Après avoir fait partie du réseau « Marco Polo », il rejoint « Alliance » en 1943. Il prend alors le pseudonyme de « Jean de Marseille ». Peu après, il devient l’adjoint du capitaine Pradelle, chef de secteur du réseau. « Chauviniste convaincu et anti-allemand notoire »*, Jean Sabatier recueille des informations, qu’il transmet au réseau.
Le 22 septembre 1943, une grande opération, dirigée, entre autres, par Geissler et Batissier, est menée au domicile de Jean Sabatier. Il est arrêté en compagnie de plusieurs de ses employés et amis. Jean Sabatier est conduit au siège de la Gestapo, où il est atrocement torturé. Il est ensuite interné à la prison de Fresnes, avant d’être transféré à la prison de Kehl, près de Strasbourg. Condamné à mort par le tribunal de Fribourg-en-Brisgau, il est exécuté à Rastatt le 24 novembre 1944.
* AD (Puy-de-Dôme), 908 W 168. Rapport du Commissaire Juge, 23 septembre 1943.
En savoir plus sur Georges Loustaunau-Lacau
6 rue Burnol
03200 VICHY