Les premiers Allemands s’installent à Vichy dès 1940. Suite à l’occupation du nord de la France, plusieurs agents nazis sont envoyés en zone sud, y compris à Vichy, afin d’établir des « relations » avec le gouvernement.
Si durant les premiers mois de l’Occupation, la présence allemande à Vichy est beaucoup plus contraignante pour le gouvernement qu’elle ne l’est pour la population, à partir de la fin de l’année 1941, la situation évolue. Les membres de la Gestapo sont de plus en plus nombreux et après l’occupation de la zone libre, en novembre 1942, ils sont littéralement partout. Le principal détachement de la Gestapo en Allier est stationné à Vichy, avec des bureaux à Montluçon et à Moulins.
À Vichy, ils s’installent boulevard des États-Unis. Au total, ils réquisitionnent vingt-cinq bâtiments, dont l’hôtel du Portugal. C’est ici que la Gestapo interroge et torture ceux qu’elle a arrêtés ou fait arrêter. Un homme employé dans un ministère tout proche raconte : « J’prends mon boulot à 5 heures du matin. J’y vais en vélo. En passant devant l’hôtel du Portugal, ça a été terrible. J’ai entendu des hurlements de douleur qui provenaient […] de la cave. I d’vaient torturer quelqu’un. C’était atroce »*.
Après la guerre, l’hôtel est utilisé par le Comité de Libération comme camp d’internement. Les deux autres camps de Vichy, le Concours hippique et le Château des Brosses ne disposant pas de l’infrastructure nécessaire aux procédures médicales, un camp-hôpital est créé à l’hôtel du Portugal. Une trentaine de prisonniers peuvent y être accueillis en même temps. Le service médical est assuré par le Docteur Lacarin, futur maire de Vichy. Une autre section de l’hôtel est réservée à l’internement des prisonniers qui se sont mal conduits au Concours hippique ou au Château des Brosses.
* Témoignage d’un Cussétois employé dans un ministère. Cité dans Georges Frélastre, Un Vichyssois sous Vichy, p. 22.
Le 10 mai 1940, les troupes d’Hitler envahissent la Belgique. Quatre jours plus tard, elles sont en France. L’avancée des Allemands provoquent une vague d’exode sans précédent. Les réfugiés fuient en direction du sud. Les villes qui les accueillent sont submergées. À Vichy, le Concours hippique est transformé en centre d’accueil. Un énorme réfectoire y est installé : en l’espace de quelques semaines, environ 800 000 repas seront servis. Afin de répondre aux besoins des réfugiés, outre le centre d’accueil du Concours hippique, la ville aménage un orphelinat, un service maternité, ainsi que plusieurs centres de santé, répartis dans divers bâtiments réquisitionnés par la ville.
Le Concours hippique est ensuite réquisitionné par les groupes paramilitaires de Pétain, les GMR, créés au printemps 1941. Suite à l’armistice de juin 1940, les effectifs de l’armée et ceux de la garde mobile avaient été réduits. Pour assurer le maintien de l’ordre, les GMR avaient été créés. D’abord affectés en zone sud, ils sont déployés dans toute la France à la fin de l’année 1942. À Vichy, ils choisissent le Concours hippique pour installer leur cantonnement.
Après la Libération de Vichy, le Concours hippique devient un camp d’internement, où sont emprisonés plusieurs centaines de présumés collaborateurs. Afin de rendre les lieux fonctionnels et sécuritaires, des travaux d’agrandissement et d’aménagement sont entrepris, et deux miradors sont construits.
La population du camp est très hétérogène : les petites gens cohabitent avec des hommes de lettres (Jacques Chevalier), des généraux (le Commandant Féat) et des membres du gouvernement déchu, y compris d’anciens ministres (Xavier Vallat). Les prisonniers sont répartis en 14 baraques (10 pour les hommes et 4 pour les femmes). Le camp est dissout à la fin du printemps 1945. La proximité avec la population, avide de commérages, avait, selon le préfet, contribué à créer une atmosphère malsaine et potentiellement dangereuse aux abords du Concours hippique.