Rencontre avec François Mitterrand
Dans la France d’après-guerre, la mémoire de la Résistance se cristallisa autour d’une croyance selon laquelle, dès 1940, la participation à la Résistance aurait été systématiquement motivée par une volonté de combattre non seulement les Allemands, mais également l’État français. Or de nombreux résistants partageaient les valeurs maréchalistes. Pour ces hommes et ces femmes, travailler pour le gouvernement et aider la Résistance allaient de pair. Leur objectif était avant tout de préparer le terrain pour que les dirigeants français puissent reprendre le combat lorsqu’ils en auraient la possibilité. Parmi ces « vichysto-résistants », beaucoup ont travaillé au sein d’institutions vichystes, telle que la Légion, qui avait son siège à l’hôtel de Séville. Ce fut notamment le cas de François Mitterrand.
Créée en août 1940, la Légion française des combattants représente l’ordre nouveau que Vichy souhaite instaurer. Ses membres constituent les plus fidèles soutiens du Maréchal et de la Révolution nationale. Son rôle de propagande est immense.
C’est ici que travaille François Mitterrand en 1942. Évadé du stalag en décembre 1941, il arrive à Vichy en janvier 1942 et est embauché au service de « documentation » de la Légion, qui est, en fait, un service de renseignements, dont l’objectif est de recueillir des informations sur les « antinationaux », tels que les communistes et les gaullistes. Après quelques mois à l’hôtel de Séville, il est embauché au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerres rapatriés. En 1943, il est décoré de la francisque.
La même année, Mitterrand fonde un mouvement de résistance « prisonnier », qui s’engage au côté de l’Organisation de résistance de l’Armée (ORA), d’allégeance giraudiste. Fin 1943, Mitterrand, recherché par la Gestapo, quitte définitivement Vichy.