L’hôtel du Parc Lardy

- L'état français

En vue de maintenir une souveraineté française dans le pays, de garder sa crédibilité auprès des autorités allemandes et de lutter efficacement contre toute forme d’opposition et de résistance, le gouvernement de Pétain réorganise la police sur un mode autoritaire et à des fins essentiellement répressives.

Plusieurs organes de répression sont spécialisés dans la traque des « anti-nationaux ». À Bordeaux, l’inspecteur de police Pierre Poinsot s’impose comme le chef d’une nouvelle section « des affaires politiques ». La brigade Poinsot pourchasse, sans répit, les résistants du sud-ouest de la France. Entre juillet 1942 et mai 1944, elle fait arrêter près de 2 000 résistants, dont beaucoup ont été livrés directement aux Allemands.

En mai 1944, Poinsot est nommé à la sous-direction des Renseignements généraux à Vichy. Sa brigade s’installe à l’hôtel du Parc Lardy et « poursu[it] inlassablement et avec une férocité qui ne f[ait] qu’augmenter avec l’approche de la défaite allemande, l’œuvre de destruction commencée à Bordeaux »*. La plupart des personnes arrêtées sont « frappées sans distinction d’âge, de sexe, ou de situation sociale, à coups de poing, de pied, de cravache, de nerf de bœuf, […]. Certaines [ont] la tête plongée dans l’eau jusqu’à évanouissement, d’autres [sont] pendues par les mains ou le cou et frappées […] avec un acharnement sauvage »*.

Les résistants ne sont pas les seules victimes des hommes de Poinsot. Ces derniers mettent également un point d’honneur à poursuivre tous les Juifs qu’ils réussissent à localiser, après quoi, ils les font déporter et pillent leur appartement.

En août 1944, Poinsot s’enfuit en Allemagne. En avril 1945, il entre illégalement en Suisse et tente de se mettre à la disposition des Français, espérant que cette initiative le sauvera. En vain. Il est arrêté le 1 mai 1945 et fusillé le 12 juillet 1945, à Riom.

* AD (Allier), 612 W 23. Rapport de la cour de justice, 14 juin 1945.

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